Pour notre recollection de Carême
nous vous livrons tout simplement le riche message du Pape sur le rapport entre
la Foi et la Charité. En cette année de la foi, nous ne trouvons pas meilleure
proposition de thème puisque le Carême se veut souvent le temps de tous les
efforts spirituels et charitables… A partir de ce message chacun pourra
discerner quelles orientations il pourra donner à « son » Carême.
Nous, nous faisons juste quelques propositions.
MESSAGE DE BENOIT XVI POUR LE CAREME 2013
CROIRE
DANS LA CHARITE SUSCITE LA CHARITE. NOUS AVONS RECONNU ET
NOUS AVONS CRU QUE L'AMOUR DE DIEU EST PARMI NOUS
Dans ma première encyclique, j’ai déjà offert certains
éléments pour saisir le lien étroit entre ces deux vertus théologales, la foi
et la charité. En partant de l'affirmation fondamentale de l'apôtre Jean: Nous
avons reconnu et nous avons cru que l'amour de Dieu est parmi nous, je
rappelais qu'à l’origine du fait d’être
chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la
rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel
horizon et par là son orientation décisive... Comme Dieu nous a aimés le
premier, l’amour n’est plus seulement un commandement, mais il est la réponse
au don de l'amour par lequel Dieu vient à notre rencontre. La foi constitue l'adhésion
personnelle, qui inclut toutes nos facultés, à la révélation de l'amour gratuit
et passionné que Dieu a pour nous et qui se manifeste pleinement en
Jésus-Christ. La rencontre avec Dieu Amour interpelle non seulement le cœur,
mais également l'esprit. La reconnaissance du Dieu vivant est une route vers
l’amour, et le oui de notre volonté à la sienne unit intelligence, volonté et
sentiment dans l’acte totalisant de l’amour. Ce processus demeure cependant
constamment en mouvement, car l’amour n’est jamais achevé ni complet. De là découle pour tous les chrétiens, et
en particulier, pour les personnes engagées dans les services de charité, la
nécessité de la foi, de la rencontre avec Dieu dans le Christ, qui suscite en
eux l’amour et qui ouvre leur esprit à l’autre, en sorte que leur amour du
prochain ne soit plus imposé pour ainsi dire de l’extérieur, mais qu’il soit
une conséquence découlant de leur foi qui devient agissante dans l’amour.
Le chrétien est une personne conquise par l'amour du Christ et donc, mû par cet
amour, il est ouvert de façon concrète et profonde à l'amour pour le prochain.
Cette attitude naît avant tout de la conscience d'être aimés, pardonnés, et
même servis par le Seigneur, qui se penche pour laver les pieds des apôtres et
s'offre lui-même sur la croix pour attirer l'humanité dans l'amour de Dieu. La
foi nous montre le Dieu qui a donné son Fils pour nous et suscite ainsi en nous
la certitude victorieuse qu’est bien vraie l’affirmation: Dieu est Amour. La foi, qui prend conscience de l’amour de
Dieu qui s’est révélé dans le cœur transpercé de Jésus sur la croix, suscite à
son tour l’amour. Il est la lumière, l’unique lumière, qui illumine sans
cesse un monde plongé dans l’obscurité, et qui nous donne le courage de vivre
et d’agir. Tout cela permet de comprendre que l'attitude principale qui
distingue les chrétiens est précisément l’amour fondé sur la foi et modelé par
elle.
2. La charité comme vie dans la foi.
Toute la vie chrétienne est une
réponse à l’amour de Dieu. La
première réponse est précisément la foi comme accueil, plein d’émerveillement
et de gratitude, d’une initiative divine inouïe qui nous précède et nous
interpelle. Et le oui de la foi marque le début d’une histoire lumineuse
d’amitié avec le Seigneur, qui remplit et donne son sens plénier à toute notre
existence. Mais Dieu ne se contente pas que nous accueillions son amour
gratuit. Il ne se limite pas à nous aimer, mais il veut nous attirer à lui,
nous transformer de manière profonde au point que nous puissions dire avec
Paul: Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Quand nous laissons place à l’amour de
Dieu, nous devenons semblables à lui, nous participons de sa charité même.
Nous ouvrir à son amour signifie le laisser vivre en nous, et nous conduire à
aimer avec lui, en lui et comme lui. C’est alors que notre foi devient vraiment
opérante par la charité et qu’il prend demeure en nous. La foi, c’est connaître la vérité et y adhérer. La charité, c’est
cheminer dans la vérité. Avec la foi, on entre dans l’amitié avec le
Seigneur. Avec la charité, on vit et on cultive cette amitié. La foi nous fait
accueillir le commandement du Seigneur et Maître, tandis que la charité nous
donne la béatitude de le mettre en pratique. Dans la foi, nous sommes engendrés
comme fils de Dieu, et la charité nous fait persévérer concrètement dans la
filiation divine en apportant le fruit de l’Esprit Saint. La foi nous fait
reconnaître les dons que le Dieu bon et généreux nous confie, et la charité les
fait fructifier.
3. Le lien indissoluble entre foi et charité.
A la lumière de ce qui a été dit, il apparaît clairement que
nous ne pouvons jamais séparer, voire opposer, foi et charité. Ces deux vertus
théologales sont intimement liées et il est erroné de voir entre celles-ci une
opposition ou une dialectique. D’un côté, l’attitude de celui qui place d’une
manière aussi forte l’accent sur la priorité et le caractère décisif de la foi,
au point d’en sous-évaluer et de presque mépriser les œuvres concrètes de la
charité et de la réduire à un acte humanitaire générique, est réductrice. Mais,
de l’autre, il est tout aussi limitant de soutenir une suprématie exagérée de
la charité et de son activité, en pensant que les œuvres remplacent la foi.
Pour une vie spirituelle saine, il est nécessaire de fuir aussi bien le
fidéisme que l’activisme moraliste. L’existence
chrétienne consiste en une ascension continue du mont de la rencontre avec Dieu
pour ensuite redescendre, en portant l’amour et la force qui en dérivent, de
manière à servir nos frères et sœurs avec le même amour que Dieu. Dans
l’Ecriture nous voyons que le zèle des apôtres à annoncer l’Evangile, que
suscite la foi, est étroitement lié à l’attention charitable du service envers
les pauvres. Dans l’Eglise, contemplation et action, symbolisées d’une certaine
manière par les figures évangéliques des sœurs Marie et Marthe, doivent
coexister et s’intégrer. La priorité va toujours au rapport avec Dieu et le
vrai partage évangélique doit s’enraciner dans la foi. Parfois, on tend en
effet à circonscrire le terme de charité à la solidarité ou à la simple aide
humanitaire. Il est important, en revanche, de rappeler que la plus grande œuvre de charité est
justement l’évangélisation, c’est-à-dire le service de la Parole. Il n’y a
pas d’action plus bénéfique, et donc charitable, envers le prochain que rompre
le pain de la Parole de Dieu, le faire participer de la Bonne Nouvelle de
l’Evangile, l’introduire dans la relation avec Dieu: l’évangélisation est la
promotion la plus élevée et la plus complète de la personne humaine. Comme
l’écrit Paul VI dans l’encyclique Populorum
Progressio, le premier et principal facteur de développement est l’annonce
du Christ. C’est la vérité originelle de l’amour de Dieu pour nous, vécue et
annoncée, qui ouvre notre existence à accueillir cet amour et rend possible le
développement intégral de l’humanité et de tout homme. En somme, tout part de
l’Amour et tend à l’Amour. L’amour
gratuit de Dieu nous est communiqué à travers l’annonce de l’Evangile. Si nous
l’accueillons avec foi, nous recevons ce premier et indispensable contact avec
le divin en mesure de nous faire aimer l’Amour, pour ensuite demeurer et
croître dans cet Amour et le communiquer avec joie aux autres. A propos du
rapport entre foi et œuvres de charité, une expression de l'épître aux
Ephésiens résume peut-être leur corrélation de la meilleure des manières: C’est
bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas
de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos œuvres, il n’y a pas à
en tirer orgueil. C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus-Christ,
pour que nos œuvres soient vraiment bonnes, conformes à la voie que Dieu a
tracée pour nous et que nous devons suivre. On perçoit ici que toute
l’initiative salvifique vient de Dieu, de sa grâce, de son pardon accueilli
dans la foi. Mais cette initiative, loin de limiter notre liberté et notre
responsabilité, les rend plutôt authentiques et les orientent vers les œuvres
de charité. Celles-ci ne sont pas principalement le fruit de l’effort humain,
dont tirer gloire, mais naissent de la foi elle-même, elles jaillissent de la
grâce que Dieu offre en abondance. Une
foi sans œuvres est comme un arbre sans fruits: Ces deux vertus
s’impliquent réciproquement. Le Carême nous invite précisément, avec les
dix indications traditionnelles pour la vie chrétienne, à alimenter la foi à
travers une écoute plus attentive et prolongée de la Parole de Dieu et la
participation aux sacrements, et, dans le même temps, à croître dans la
charité, dans l’amour de Dieu et envers le prochain, également à travers les
indications concrètes du jeûne, de la pénitence et de l’aumône.
4. Priorité de la foi, primat de la charité.
Comme tout don de Dieu, foi et charité reconduisent à
l’action de l’unique et même Esprit, qui crie en nous: Abbà! Père, et qui nous
fait dire: Jésus est Seigneur et Maranatha! Don et réponse, la foi nous fait
connaître la vérité du Christ comme Amour incarné et crucifié, adhésion pleine
et parfaite à la volonté du Père et miséricorde divine infinie envers le
prochain. La foi enracine dans le cœur et dans l’esprit la ferme conviction que
précisément cet Amour est l’unique réalité victorieuse sur le mal et sur la
mort. La foi nous invite à regarder vers l’avenir avec la vertu de l'espérance,
dans l’attente confiante que la victoire de l’amour du Christ atteigne sa plénitude.
De son côté, la charité nous fait entrer dans l’amour de Dieu manifesté dans le
Christ, nous fait adhérer de manière personnelle et existentielle au don total
de soi et sans réserve de Jésus au Père et à nos frères. En insufflant en nous
la charité, l’Esprit Saint nous fait participer au don propre de Jésus: Filial
envers Dieu et fraternel envers chaque homme. La relation qui existe entre ces
deux vertus est semblable à celle entre les deux sacrements fondamentaux de
l'Eglise que sont le baptême et l’Eucharistie. Le baptême (Sacramentum Fidei)
précède l'Eucharistie (Sacramentum Caritatis), mais il est orienté vers
celle-ci, qui constitue la plénitude du cheminement chrétien. De manière
analogue, la foi précède la charité,
mais se révèle authentique seulement si elle est couronnée par celle-ci. Tout part de l’humble accueil de la foi (se
savoir aimé de Dieu, mais doit arriver à la vérité de la charité (savoir aimer
Dieu et son prochain), qui demeure pour toujours, comme accomplissement de
toutes les vertus. Dans le Carême, où nous nous préparons à célébrer
l’événement de la Croix et de la Résurrection, dans lequel l'Amour de Dieu a
racheté le monde et illuminé l’histoire, je vous souhaite à tous de vivre ce
temps précieux en ravivant votre foi en Jésus-Christ, pour entrer dans son
parcours d’amour envers le Père et envers chaque frère et sœur que nous
rencontrons dans notre vie.
QUELQUES INDICATIONS POUR VIVRE CE TEMPS DE CAREME
X
Nul ne peut prétendre être croyant et ne
pas être charitable :
Bénéficiaire de l’Amour de Dieu et y ayant répondu par la foi, nous devons en
témoigner par la charité.
X
Pour développer notre charité nous
devons nous appliquer aux œuvres de
miséricordes :
« Les
œuvres de miséricorde sont les actions charitables par lesquelles nous
venons en aide à notre prochain dans ses nécessités corporelles et spirituelles
(cf. Is 58,6-7 He 13,3). Instruire, conseiller, consoler, conforter sont
des œuvres de miséricorde spirituelle, comme pardonner et supporter avec
patience. Les œuvres de miséricorde corporelle consistent notamment à nourrir
les affamés, loger les sans logis, vêtir les déguenillés, visiter les malades
et les prisonniers, ensevelir les morts (cf. Mt 25,31-46). Parmi ces
gestes, l'aumône faite aux pauvres (cf. Tb 4,5-11 Si 17,22) est un des
principaux témoignages de la charité fraternelle: elle est aussi une pratique
de justice qui plaît à Dieu (cf. Mt 6,2-4) » (CEC n°2447)
X
« La
plus grande œuvre de charité est justement l’évangélisation, c’est-à-dire le service de la Parole » :
Il nous faudra pendant se temps de Carême nous mettre à l’école de la Parole de
Dieu et nous donner le devoir de l’annoncer autour de nous. Ce n’est pas
forcément en organisant une campagne d’évangélisation mais en y recourant pour
donner conseil au service, au marché… en y faisant allusion pour déconseiller
ou déplorer telle ou telle attitude.
© Aumônerie de la Jeunesse_Porto-Novo