« Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (cf. Mt 28, 19).
Tel est le thème du Message le Pape BENOÎT XVI a adressé aux jeunes à
l’occasion de la XXVIIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE.
2013
Chers jeunes,
J’adresse à chacun de vous mes salutations pleines de joie et d’affection. Je
suis sûr que beaucoup d’entre vous sont revenus de la
Journée Mondiale de la
Jeunesse de Madrid 2011, encore plus « enracinés et fondés dans le Christ,
affermis dans la foi » (cf. Col 2, 7). Dans les différents diocèses,
nous
avons célébré cette année la joie d’être chrétiens, inspirés par le thème :
« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ! » (Ph 4, 4). A présent, nous
nous préparons à la prochaine Journée Mondiale qui sera célébrée à Rio de
Janeiro au Brésil en 2013.
Je voudrais tout d’abord vous renouveler mon invitation à participer nombreux à
cet événement important. La célèbre statue du Christ Rédempteur qui surplombe la
belle ville de Rio de Janeiro en sera le symbole éloquent : ses bras ouverts
sont le signe de l’accueil que le Christ Rédempteur réservera à tous ceux
qui viendront à lui et son Cœur représente l’immense amour qu’il a pour chacun
et chacune d’entre vous. Laissez-vous attirer par lui ! Vivez cette expérience
de rencontre avec le Christ avec de nombreux autres jeunes qui convergeront vers
Rio de Janeiro pour la prochaine rencontre internationale ! Laissez-vous aimer
par lui et vous serez les témoins dont le monde a besoin.
Je vous encourage à vous préparer à la Journée Mondiale de Rio de Janeiro, en
méditant dès à présent le thème de cette rencontre : « Allez ! De toutes les
nations faites des disciples » (cf. Mt 28, 19). Il s’agit de la grande
exhortation missionnaire que le Christ a laissée à l’Église tout entière et qui,
après 2000 ans, n’a rien perdu de son actualité.
Cet appel missionnaire doit maintenant retentir avec force dans votre cœur.
L’année de préparation à la rencontre de Rio de Janeiro coïncide avec l’Année
de la foi, au début de laquelle le
Synode des évêques a consacré ses travaux
sur « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi ». C’est
pourquoi je suis heureux que vous soyez, vous aussi, chers jeunes, associés à
cet élan missionnaire de toute l’Église : faire connaître le Christ est le don
le plus précieux que vous pouvez faire aux autres.
L’histoire nous a montré combien de jeunes ont contribué grandement, par le don
généreux d’eux-mêmes, à l’avènement du Royaume de Dieu et au développement de ce
monde par l’annonce de l’Évangile. Avec un grand enthousiasme, ils ont porté la
Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu manifesté dans le Christ, avec des moyens et
de facilités bien inférieurs à ceux dont nous disposons aujourd’hui. Je pense,
par exemple, au bienheureux José de Anchieta, jeune religieux jésuite espagnol
du XVIème siècle, parti en mission au Brésil âgé de moins de vingt
ans, et devenu un grand apôtre du Nouveau Monde. Mais je pense aussi à tous ceux
d’entre vous qui donnent généreusement de leur personne pour la mission de
l’Église : j’en ai été un témoin émerveillé lors de la
Journée Mondiale de
Madrid, en particulier lors de ma
rencontre avec les volontaires.
Aujourd’hui tant de jeunes doutent profondément de la bonté de la vie et
cherchent comment avancer dans la vie. Plus généralement, face aux difficultés
actuelles que traverse le monde, de nombreux jeunes s’interrogent : que
pouvons-nous faire ? La lumière de la foi éclaire cette obscurité et nous fait
comprendre que toute existence a une valeur inestimable parce qu’elle est le
fruit de l’amour de Dieu. Il aime aussi celui qui s’est éloigné de lui et l’a
oublié. Avec patience, Il l’attend. Bien plus, il a donné son Fils, mort et
ressuscité, pour nous libérer radicalement du mal. Et le Christ a envoyé ses
disciples pour porter à tous les peuples cette joyeuse nouvelle du salut et
d’une vie nouvelle.
Dans sa mission d’évangélisation, l’Église compte aussi sur vous. Chers jeunes,
vous êtes les premiers missionnaires parmi vos pairs. À la fin du
Concile
Œcuménique Vatican II, dont nous fêtons le 50ème anniversaire, le
Serviteur de Dieu
Paul VI avait adressé aux jeunes du monde, un message qui
commençait ainsi : « C’est à vous enfin, jeunes gens et jeunes filles du monde
entier, que le Concile veut adresser son dernier message. Car c’est vous qui
allez recueillir le flambeau des mains de vos aînés et vivre dans le monde au
moment des plus gigantesques transformations de son histoire. C’est vous qui,
recueillant le meilleur de l’exemple et de l’enseignement de vos parents et de
vos maîtres, allez former la société de demain: vous vous sauverez ou vous
périrez avec elle.” Et il concluait par cet appel : « construisez dans
l’enthousiasme un monde meilleur que celui de vos aînés! » (Message de Paul
VI aux jeunes, 8 décembre 1965).
Chers amis, cette invitation reste encore de grande actualité ! Nous traversons
une période de l’histoire de l’humanité très particulière. Le progrès technique
nous a offert des possibilités sans précédent d’interaction entre les hommes et
entre les peuples. Mais la mondialisation des échanges que nous observons ne
sera réussie et ne fera grandir le monde en humanité que dans la mesure où elle
sera fondée non pas sur le matérialisme mais sur l’amour, la seule réalité
capable de combler le cœur de l’homme et d’unir les peuples. Dieu est amour.
L’homme qui oublie Dieu est sans espérance et devient incapable d’aimer son
semblable. Voilà pourquoi il est urgent de témoigner de l’existence de Dieu,
afin que chacun puisse en vivre. Il en va du salut de l’humanité et du salut de
chacun de nous. Celui qui comprend cette nécessité, ne peut que s’écrier avec
Saint Paul : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16).
2. Devenez mes disciples
Cet appel missionnaire vous est aussi adressé pour une autre raison : vous en
avez besoin pour votre cheminement personnel de foi. Le bienheureux
Jean-Paul II écrivait : « La foi grandit quand on la donne » (Encycl.
Redemptoris Missio,
2). C’est en annonçant l’Evangile que vous vous enracinez profondément dans le
Christ et devenez des chrétiens mûrs. L’engagement missionnaire est une
dimension essentielle de la foi : on ne peut être un croyant véritable sans
évangéliser. Et l’annonce de l’Évangile n’est autre que la conséquence de la
joie d’avoir rencontré le Christ et d’avoir trouvé en lui le roc sur lequel
fonder notre existence. En vous engageant à servir les autres et à leur annoncer
l’Évangile, votre vie, si souvent éparpillée entre des activités différentes,
trouvera son unité dans le Seigneur. Vous vous construirez vous-mêmes, vous
grandirez et deviendrez toujours plus riches en humanité.
Mais que signifie être missionnaires ? Être missionnaire suppose d’abord d’être
soi-même disciple du Christ, écouter sans cesse l’appel à le suivre, l’appel à
le regarder, lui : « Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur »
(Mt 11, 29). Un disciple, c’est donc celui qui se met à l’écoute de la
Parole de Jésus (cf. Lc 10, 39), le reconnaissant ainsi comme le Bon
Maître qui nous a aimés jusqu’au don de sa vie. Il s’agit donc, pour chacun de
vous, de se laisser façonner chaque jour par la Parole de Dieu : elle fera de
vous des amis de Jésus, capables d’introduire d’autres jeunes dans cette amitié
avec lui.
Je vous conseille de faire mémoire des dons reçus de Dieu pour les transmettre à
votre tour. Apprenez à relire votre histoire personnelle, prenez aussi
conscience de l’héritage magnifique reçue des générations passées : tant de
croyants nous ont transmis la foi avec courage, affrontant parfois de dures
épreuves et des incompréhensions. Rappelons-nous toujours que nous faisons
partie d’une chaîne immense d’hommes et de femmes qui nous ont transmis la
vérité de la foi et qui comptent sur nous pour que d’autres la reçoivent. Être
missionnaire suppose de connaître ce patrimoine reçu qui constitue la foi de
l’Église : vous devez connaître ce en quoi vous croyez, pour pouvoir l’annoncer.
Comme je vous l’ai écrit dans l’introduction du YouCat, le catéchisme des
jeunes que je vous ai remis lors de la
rencontre internationale de Madrid, « vous devez connaître votre foi avec la même précision avec laquelle un
spécialiste en informatique connaît le système d’exploitation d’un ordinateur;
vous devez la connaître comme un musicien connaît son morceau ; oui, vous devez être bien plus
profondément enracinées dans la foi que la génération de vos parents, pour pouvoir résister avec force et
détermination aux défis et aux tentations de ce temps. » (Benoît XVI,
Introduction au YouCat)
3. Allez !
Jésus a envoyé ses disciples en mission, avec cet ordre : « Allez
dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création.
Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé.
» (Mc 16, 15-16). Évangéliser, c’est porter à d’autres la Bonne Nouvelle
du salut et cette Bonne Nouvelle est une personne : Jésus Christ. Quand je le
rencontre, quand je découvre à quel point je suis aimé par Dieu et sauvé par
lui, alors naît en moi non seulement le désir, mais la nécessité de le faire
connaître à d’autres. Au début de l’Évangile de Saint Jean, nous voyons comment
André rencontre le Seigneur et s’empresse de conduire son frère Simon à Jésus
(cf. Jn 1, 40-42). L’évangélisation part toujours de la rencontre avec le
Seigneur Jésus. Qui s’est approché de lui et a fait l’expérience de son Amour
veut aussitôt partager la beauté de cette rencontre et la joie qui naît de cette
amitié. Plus nous connaissons le Christ, plus nous désirons L’annoncer. Plus
nous parlons avec lui, plus nous désirons parler de lui. Plus nous sommes
conquis par le Christ, plus nous désirons conduire les autres à lui !
Par le baptême, qui nous fait naître à la vie nouvelle, l’Esprit Saint habite en
nous et embrase notre esprit et notre cœur. C’est lui qui nous fait connaître
Dieu et nous guide toujours plus loin dans l’amitié avec le Christ. C’est
l’Esprit qui nous pousse à faire le bien, à servir les autres, à donner
de nous-mêmes. Par la confirmation nous sommes fortifiés par les dons de
l’Esprit pour témoigner de l’Évangile de manière de plus en plus mûre. L’Esprit
d’amour est donc l’âme même de la mission : Il nous pousse à sortir de
nous-mêmes pour « aller » et évangéliser. Chers jeunes, laissez-vous faire par
la force de l’amour de Dieu ; laissez faire cet amour pour vaincre la tendance à
vous replier sur vous-mêmes, chacun replié sur ses propres problèmes et
sur ses propres habitudes. Ayez le courage de « partir », de sortir de
vous-mêmes pour « aller » à la rencontre des autres et les guider vers la
rencontre avec Dieu.
4. À toutes les nations
Jésus a envoyé ses disciples pour témoigner de sa présence salvifique à toutes
les nations parce que Dieu, dans la surabondance de son amour pour tous les
hommes, veut que tous soient sauvés et qu’aucun ne soit perdu. Par son sacrifice
d’amour sur la croix, Jésus a ouvert la voie afin que tout homme, toute femme
puisse connaître Dieu et entrer dans la communion d’amour avec Lui. Et il a
formé une communauté de disciples pour porter la bonne nouvelle du salut
jusqu’aux confins de la terre, pour rejoindre les hommes et les femmes de toutes
les nations et de tous les temps. Faisons nôtre ce désir de Dieu!
Chers amis, ouvrez les yeux et regardez autour de vous : tant de jeunes ont
perdu le sens de leur existence. Allez ! Le Christ a aussi besoin de vous.
Laissez-vous entraîner par son amour ; devenez les instruments de cet amour
immense afin qu’il puisse rejoindre tous les hommes, en particulier ceux qui
sont « éloignés ». Certains sont loin géographiquement, d’autres sont loin parce
que leur culture ne laisse pas de place à Dieu, d’autres sont loin parce qu’ils
n’ont pas encore accueilli l’Évangile de façon personnelle. D’autres encore sont
loin parce que, bien qu’ayant reçu la foi, ils vivent comme si Dieu n’existait
pas. À tous, ouvrons notre cœur ; cherchons à entrer en dialogue avec eux, dans
la simplicité et le respect réciproque. Un tel dialogue, s’il est habité par une
vraie amitié, portera du fruit. Ces « nations » auxquelles nous sommes envoyés
sont non seulement tous les pays du monde, mais aussi les lieux où nous vivons :
nos familles, nos quartiers, nos lieux d’études ou de travail, nos cercles
d’amis, nos les lieux de loisirs. L’annonce joyeuse de l’Évangile vise
tous ces espaces où nous vivons, sans aucune limite.
Je voudrais signaler deux domaines dans lesquels votre engagement missionnaire
est particulièrement requis. Le premier champ d’apostolat est le monde des
communications sociales, en particulier le monde d’internet. Très chers
jeunes, comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, « engagez-vous à
introduire dans la culture de ce nouvel espace communicatif et informatif les
valeurs sur lesquelles s’appuie votre vie ! (…) C’est à vous, jeunes, qui vous
trouvez presque spontanément en syntonie avec ces nouveaux moyens de
communication, qu’incombe, en particulier, la tâche de l’Évangélisation de ce
« continent digital ». » (Benoît XVI, Message pour la XLIIIème
Journée Mondiale des communications sociales, 24 mai 2009). Usez donc ce
moyen de communication avec sagesse, en évitant les pièges inhérents à internet,
en particulier le risque de dépendance, le danger de confondre le monde réel et
le monde virtuel, de substituer la rencontre et le dialogue direct avec les
personnes par des contacts sur le web.
Le deuxième domaine est celui des voyages. Aujourd’hui, de plus en plus de
jeunes ont l’occasion de voyager, soit pour leurs études, soit pour leur
travail, soit pour des loisirs. Je pense aussi à tous les mouvements
migratoires, où des millions de personnes se déplacent et changent de régions ou
de pays pour des raisons économiques ou sociales. Ces phénomènes peuvent aussi
devenir de providentielles occasions pour la diffusion de l’Évangile. Chers
jeunes, n’ayez pas peur de témoigner de votre foi dans ces contextes aussi.
Communiquer la joie de la rencontre avec le Christ : voilà un cadeau magnifique
que vous pourriez faire à ceux qui vous accueillent.
5. Faites des disciples !
Je suis sûr que vous avez, au moins une fois, rencontré la difficulté de faire
faire à vos amis une expérience de foi. Vous avez sans doute constaté à quel
point de nombreux jeunes, spécialement dans certaines phases de la vie,
nourrissent le désir de connaître le Christ et de vivre les valeurs de
l’Évangile, mais s’en sentent inadéquats et incapables. Que faire ?
Tout d’abord, nous devons leur être proches et par notre témoignage tout simple,
le Seigneur pourra toucher leurs cœurs. L’annonce de l’Évangile ne se réduit pas
seulement à parler de Dieu, mais englobe toute la vie et se traduit par des
gestes d’amour. C’est l’amour du Christ versé en nos cœurs qui nous fait devenir
des apôtres. Notre amour doit donc ressembler au sien. Comme le Bon Samaritain,
nous devons toujours être attentifs aux personnes que nous rencontrons, savoir
écouter, comprendre, aider. C’est seulement ainsi que nous pouvons conduire ceux
qui sont à la recherche de la vérité et du sens de leur vie vers la maison de
Dieu qu’est l’Église, où ils trouveront l’espérance et le salut (cf. Lc
10, 29-37).
Chers amis, n’oubliez pas que le premier geste d’amour envers le prochain
consiste à partager avec lui la source de notre espérance : qui ne donne pas
Dieu, donne trop peu ! Jésus ordonne à ses apôtres de « faire des disciples de
toutes les nations », et il poursuit : « les baptisant au nom du Père, et du
Fils, et du Saint-Esprit et leur apprenant à garder tous les commandements que
je vous ai donnés » (Mt 28, 19-20). Les moyens que nous avons pour
« faire des disciples » sont donc principalement le baptême et la catéchèse.
Cela signifie que nous devons conduire ceux que nous évangélisons à rencontrer
le Christ vivant, en particulier dans sa Parole et dans les sacrements : ainsi
ils pourront croire en Lui, connaîtront Dieu et vivront de sa grâce. J’aimerais
que chacun se pose les questions suivantes : ai-je déjà osé proposer le baptême
à des jeunes qui ne l’ont pas encore reçu ? Ai-je déjà invité des personnes à
suivre un parcours de découverte de la foi chrétienne ? Chers amis, ne craignez
pas de proposer à vos amis la rencontre avec le Christ. Invoquez l’Esprit
Saint : Il vous introduira toujours plus profondément dans la connaissance et
dans l’amour du Christ et vous rendra créatifs dans la transmission de
l’Évangile.
6. Affermis dans la foi
Face à la difficulté de la mission d’évangélisation, vous serez parfois tentés
de dire comme le prophète Jérémie : « Ah, Seigneur Dieu, vois, je ne sais pas
parler : je suis trop jeune ! » Mais à vous aussi, le Seigneur répond
toujours : « Ne dis pas ‘je suis jeune’ ! Mais va vers tous ceux à qui je
t’enverrai. » (cf. Jr 1, 6-7). À chaque fois que vous vous
sentirez inadéquats et pas à la hauteur de la mission d’annoncer et de témoigner
la foi, soyez sans crainte. En effet, l’évangélisation n’est pas d’abord notre
initiative et elle ne dépend pas d’abord de nos talents, mais elle est une
réponse confiante et obéissante à l’appel de Dieu. Par conséquent, elle se fonde
avant tout sur sa force et non sur la nôtre. Saint Paul lui-même
en a fait l’expérience : « Ce trésor, nous, les Apôtres, nous le portons en nous comme dans des poteries
sans valeur; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire ne vient pas
de nous, mais de Dieu. » (2 Co 4, 9)
C’est pourquoi, je vous exhorte à vous enraciner dans la prière et
dans les
Sacrements. L’évangélisation authentique naît toujours de la prière et
est
portée par la prière. Il nous faut d’abord parler avec Dieu pour pouvoir
parler
de Dieu. Dans la prière, nous présentons au Seigneur les personnes vers
qui nous
sommes envoyés. Nous le supplions de toucher leurs cœurs. Et nous
demandons à
l’Esprit Saint de faire de nous les instruments de son salut pour ces
personnes.
Nous demandons au Christ de mettre sur nos lèvres ses paroles et de
faire de
nous des témoins de son amour. Et, plus largement, nous confions au
Seigneur
toute la mission de l’Église, selon le commandement explicite de Jésus :
« Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa
moisson. » (Mt
9, 38). Sachez trouver dans l’Eucharistie, la source de votre vie de foi et de
votre témoignage chrétien, en participant assidument à la messe du dimanche et
autant que vous pouvez aux messes célébrées en semaine ! Recourez souvent au
sacrement de réconciliation : c’est le lieu de la rencontre précieuse avec la
miséricorde de Dieu qui nous accueille, nous pardonne et renouvelle nos cœurs
dans la charité. Et n’hésitez pas à recevoir le sacrement de confirmation, si
vous ne l’avez pas encore reçu, vous y préparant avec soin et engagement ! Avec
l’Eucharistie, c’est le sacrement par excellence de la mission, celui qui nous
donne la force et l’amour de l’Esprit Saint pour professer sans crainte notre
foi. Je vous encourage aussi à pratiquer l’adoration eucharistique : se
recueillir dans l’écoute et le dialogue avec Jésus avec
présent dans le Saint Sacrement devient le point de départ d’un nouvel élan
missionnaire.
Si vous suivez ces recommandations, le Christ lui-même vous donnera d’être
pleinement fidèles à sa Parole et de témoigner de lui avec franchise et
courage. Parfois vous serez appelés à faire preuve de persévérance, spécialement
lorsque la Parole de Dieu suscite des fermetures ou des oppositions. Dans
certaines régions du monde, des jeunes chrétiens souffrent de ne point pouvoir
témoigner publiquement de leur foi au Christ par manque de liberté religieuse.
Et certains ont même déjà payé de leurs vies le prix de leur appartenance à
l’Église. Je vous encourage à demeurer fermes dans la foi, sûrs que le Christ
est à vos côtés dans chaque épreuve. Il vous répète : « Heureux serez-vous si
l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte
de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense sera grande dans les cieux ! » (Mt 5, 11-12)
7. Avec toute l’Église
Chers jeunes, pour rester fermes dans la confession de la foi chrétienne là où
vous êtes envoyés, vous avez besoin de l’Église. On n’est pas témoin de
l’Évangile tout seul. Jésus a envoyé les disciples en mission ensemble. Son
exhortation « Faites des disciples » est au pluriel. C’est toujours comme
membres de la communauté chrétienne que nous témoignons. Et notre mission est
fécondée par la communion que nous vivons dans l’Église : c’est à l’amour que
nous avons les uns pour les autres, que l’on reconnaîtra que nous sommes
disciples de Jésus (cf. Jn 13, 35). Je loue Dieu pour la précieuse œuvre
d’évangélisation de nos communautés chrétiennes, de nos paroisses et de nos
mouvements ecclésiaux. Les fruits de cette mission appartiennent à toute
l’Église : « l’un sème, l’autre moissonne » disait Jésus (Jn 4, 38).
À cet égard, je ne peux que rendre grâce pour le don si grand des missionnaires,
qui offrent toute leur vie pour l’annonce de l’Évangile aux quatre coins du
monde. De même, je bénis Dieu pour les prêtres et les personnes
consacrées, qui se donnent sans compter pour que le Christ Jésus soit annoncé et
aimé. Et je désire ici encourager les jeunes qui se sentent appelés par Dieu à
s’engager dans ces vocations avec enthousiasme : « Il y a plus de bonheur à
donner qu’à recevoir ! » (Ac 20, 35) A ceux qui ont tout quitté pour le
suivre, Jésus a promis le centuple et la vie éternelle ! (Cf. Mt 19, 29)
Je rends grâce aussi pour tous les laïcs qui ont à cœur de vivre leur quotidien
comme une mission, là où ils se trouvent, dans leur famille et sur leur lieu de
travail afin que le Christ soit aimé et servi, et que le Royaume de Dieu
grandisse. Je pense en particulier à tous ceux qui travaillent dans le domaine
de l’éducation, de la santé, de l’entreprise, de la politique et de l’économie,
et dans tant d’autres domaines de l’apostolat des laïcs. Le Christ a besoin de
votre engagement et de votre témoignage. Que rien – ni les difficultés, ni les
incompréhensions – ne vous fasse renoncer à annoncer l’Evangile du Christ dans
les lieux où vous êtes : chacun de vous est précieux dans la grande mosaïque de
l’évangélisation !
8. « Me voici, Seigneur ! »
En conclusion, chers jeunes, je voudrais vous exhorter à entendre au plus
profond de vous-mêmes l’appel du Christ à annoncer son Évangile. Comme l’indique
si bien la grande statue de Rio, son Cœur est brûlant d’amour pour tous les
hommes, sans distinction, et ses bras ouverts veulent rejoindre tous les hommes.
Devenez le cœur et les bras de Jésus ! Allez témoigner de son amour, soyez les
nouveaux missionnaires animés par l’amour et le sens de l’accueil ! Suivez
l’exemple des grands missionnaires de l’Eglise tels que Saint François Xavier et
bien d’autres.
Au terme de la
Journée Mondiale de la Jeunesse à Madrid, j’ai eu la joie de
bénir quelques jeunes des différents continents qui partaient en mission. Ils
représentaient les très nombreux jeunes qui, à la suite du prophète Isaïe,
disent au Seigneur : « Me voici, envoie-moi ! » (Is 6, 8). L’Église vous
fait confiance et vous remercie profondément pour la joie et le dynamisme que
vous lui apportez. Déployez tous vos talents avec générosité au service de
l’annonce de l’Évangile. Nous savons que l’Esprit Saint se donne à profusion à
ceux qui acceptent, avec un cœur humble, de se rendre disponibles pour l’annonce
de l’Évangile. Et vous, soyez sans crainte : Jésus, le Sauveur du monde, est
avec nous, tous les jours jusqu’à la fin du monde (cf. Mt 28, 20).
Cet appel que j’adresse à tous les jeunes du monde entier, prend un relief
particulier pour vous, chers jeunes d’Amérique Latine. En effet, lors de la Vème
Conférence Générale de l’Episcopat Latino-Américain qui s’est tenue à Aparecida
en 2007, les Evêques ont lancé une « mission continentale ». Et les jeunes, qui
représentent la majorité de la population de ce continent, constituent un
potentiel important et précieux pour l’Eglise et la société. Soyez donc les
premiers missionnaires ! Et, alors que la
Journée Mondiale de la Jeunesse se
déroule en Amérique Latine, j’exhorte tous les jeunes de ce continent :
transmettez à vos jeunes amis du monde entier l’enthousiasme de votre foi !
Que la Vierge Marie, Etoile de la Nouvelle Évangélisation, invoquée aussi sous
le nom de Notre-Dame d’Aparecida et de Notre-Dame de Guadalupe,
accompagne chacun de vous dans sa mission de témoin de l’Amour de Dieu !
De tout cœur, j’accorde à chacun de vous ma bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 18 octobre 2012