Lorsqu’une année liturgique finit, une autre s’ouvre
aussitôt par le temps de l’Avent. Le temps de l’Avent lui-même introduit un
autre temps, celui de Noël. Le temps de l’Avent est un temps préparatoire à
l’accueil de Dieu qui vient à nous dans le Petit Enfant de Bethléem.
Pour nous préparer à un si grand événement de foi et
de joie, nous voudrions vous proposer d’aller à l’école du pape François. Aux
JMJ dernières, dans son homélie lors de la célébration eucharistique du
mercredi 24 juillet 2013 en la Basilique du Sanctuaire national Notre Dame
d’Aparecida, le Pape François recommandait aux jeunes trois attitudes qui les
aideront à être « artisans d’une
nation et d’un monde plus justes, plus solidaires et plus fraternels ».
Il s’agit de trois attitudes fort simples : « garder l’espérance, se laisser
surprendre par Dieu, et vivre dans la joie ».
A voir de près, ces mêmes attitudes pourront nous
aider à nous préparer, à travers ce temps de l’Avent, à la grande joie de la
Nativité.
1- GARDER
L’ESPERANCE
Le messie dont nous célébrons la venue à Noel a été
longtemps désiré et attendu par le peuple d’Israël. Son annonce intervient
souvent dans un contexte où l’espoir est compromis par le mal et la souffrance.
Le peuple à bout de force attend « la
force qui sauve ». Le messie attendu porte donc en lui l’espoir d’un
monde meilleur ou règne la justice, la paix et la joie. Les prophéties
messianiques le soulignent largement.
Voici mon
serviteur que je soutiens, mon élu, celui qu’il m’a plu de choisir. J’ai mis
mon esprit sur lui : il établira la justice parmi les nations. Il ne crie
pas, il n’élève pas la voix, on n’entend pas ses proclamations sur les places.
Il ne brise pas le roseau qui plie, il n’éteint pas la mèche qui faiblit ;
en toute vérité il fait avancer la justice. Il ne faiblira pas, on ne le
brisera pas, qu’il n’ait établi sa justice sur la terre : les îles attendent
sa loi. Is 42,1-4
Réjouis-toi,
fille de Sion, lance des cris joyeux, fille de Jérusalem, car voici que ton roi
vient à toi. Il t’apporte justice et victoire, il est humble, monté sur un âne,
sur un ânon, petit d’une ânesse. Il détruira les chars d’Éphraïm et les chevaux
de Jérusalem ; on pourra alors briser l’arc de guerre, car il imposera sa
paix aux nations. Son empire s’étendra de la mer à la mer, depuis l’Euphrate
jusqu’aux confins du monde. Za 9,9-10
Un
rejeton sortira de la souche de Jessé, une pousse se lèvera de ses racines. Sur
lui reposera l’Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de
conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Yahvé. Il ne
jugera pas sur les apparences, il ne décidera pas sur un bruit qui court. Il
jugera les petits avec justice, il défendra les droits des pauvres du pays. Sa
parole, comme une trique, frappera le violent, son verdict, comme une
bourrasque, emportera le méchant. La justice sera son ceinturon, toujours là
sur ses reins avec la vérité. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se
couchera à côté du chevreau, le veau et le lion s’en iront au même pâturage
sous la conduite d’un petit garçon. La vache et l’ourse seront amies, leurs
petits dormiront ensemble, et le lion mangera de la paille comme le bœuf. Le
bébé jouera sur le nid du serpent, l’enfant à peine sevré mettra la main dans
le trou de la vipère. On ne fera plus de mal, on ne détruira plus sur toute ma
montagne sainte, car la connaissance de Yahvé couvrira la terre comme les eaux
le domaine des mers. Isaïe 11, 1-9
Le peuple
qui marchait dans la nuit, a vu une grande lumière. Comme ils restaient en
terre de ténèbres, une lumière a brillé sur eux. Tu as multiplié la nation, tu
as fait déborder sa joie. Ils sont en fête devant toi comme au jour de la
moisson, c’est la joie comme au partage du butin. Car le joug qui pesait sur
eux, le bâton qui frappait ses épaules, le fouet de son surveillant, tu les as
brisés comme au jour de Madian. Les chaussures de guerre et le manteau souillé
de sang sont brûlés, jetés en pâture aux flammes. Oui, un enfant nous est né,
un fils nous a été donné. L’insigne du pouvoir est placé sur son épaule. On lui
donne ce nom : « Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-éternel,
Prince-de-la-paix. » Avec lui l’empire grandit, et c’est la paix sans fin pour
le trône de David et pour sa dynastie : il l’établit et l’affermit dans le
droit et la justice. Le zèle de Yahvé Sabaot fera que cela soit, dès maintenant
et à jamais. Isaïe 9, 1-6
En nous préparant à Noël, réveillons notre espérance
d’un monde meilleur. Oui les difficultés existent et existeront, nous ne le
nions pas. Mais croyons-le, le Messie vient visiter son peuple et le sauver (CfLc2,
11). Plus de peur, de détresse, d’abattement, de découragement. C’est pourquoi
le Pape peut déclarer :
Ne perdez
jamais l’espérance ! Ne l’éteignez jamais dans vos cœurs ! Le
« dragon », le mal, est présent dans notre histoire, mais il n’est
pas le plus fort. Dieu est le plus fort ! Dieu est notre espérance !
C’est vrai que de nos jours, tous, un peu, et nos jeunes aussi, se sentent
séduits par beaucoup d’idoles qui substituent Dieu et semblent donner
espérance : l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir. Une sensation de
solitude et de vide gagne souvent le cœur de beaucoup et les pousse à la
recherche de compensation, de ces idoles éphémères. Chers frères et sœurs,
soyons des lumières d’espérance ! Ayons un regard positif sur la
réalité. » (Pape François, Journées Mondiales de la Jeunesse, Discours
officiels et messages, Salvator, p 19).
2- SE LAISSER
SURPRENDRE PAR DIEU
L’image qu’évoque le thème de notre recollection est
déjà bien éloquente. C’est déjà une belle surprise que Dieu décide de venir
jusqu’à nous. Mais allons plus loin.
Imaginons la scène. Dieu s’annonce. Il vous donne
rendez-vous. Tout excité de recevoir Dieu, vous l’attendez avec enthousiasme…
Et puis il est là ; il frappe à votre porte ! Votre sang fait un tour
fulgurant. La joie et la crainte révérencielle se livrent combat en vous. Vous
tentez alors de bien vous tenir et surtout de vous contenir. Il faut ouvrir la
porte et… Surprise ! Vous trouvez à votre porte une corbeille dans
laquelle un petit enfant vous sourit… Dieu est là avec un visage d’enfant.
Notre Dieu surprend toujours ! En bien !
« L’homme ou la femme d’espérance –
la grande espérance que la foi nous donne – sait que, même au milieu des
difficultés, Dieu agit et nous surprend ». (Pape François, op cit, p 20)
En ce temps de l’Avent, ouvrons nos cœurs et nos vies
à toutes les surprises que Dieu veut nous faire. Car il nous veut toujours du
bien. Toute l’histoire du salut en est parsemée. Dans l’Ancien Testament, Dieu
ouvre toujours un chemin devant ses élus et devant son peuple pour les sortir des
difficultés, des impasses. Et Jésus aussi dans le Nouveau Testament. Il en
donne le ton aux noces de Cana tout au début de son ministère. La joie de la
fête allait être compromise. Les mariés allaient essuyer la honte de ne pouvoir
mener la fête à sa fin. Mais Jésus relance la fête, il relance la joie avec la
surprise d’un vin meilleur à celui qui fut utilisé jusque là. Ce qui permet au
Pape de faire remarquer :
Dieu
surprend toujours, comme le vin nouveau dans l’Évangile (…). Dieu réserve
toujours ce qu’il y a de meilleur pour nous. Mais il nous demande de nous
laisser surprendre par son amour et d’accueillir ses surprises. Ayons confiance
en Dieu ! Si nous nous éloignons de lui, le vin de la joie, le vin de
l’espérance finit. Si nous nous approchons de lui, si nous restons avec lui,
nos froideurs, nos difficultés, nos péchés se transforment en vin nouveau
d’amitié avec lui. (Pape François,
op cit, p 20)
3- VIVRE DANS
LA JOIE
« Chers
amis, si nous marchons dans l’espérance, nous laissant surprendre par le vin
nouveau que Jésus nous offre, il y aura de la joie en nos cœurs et nous ne
pourrons être que des témoins de cette joie. Le chrétien est joyeux, il n’est
jamais triste. » (Pape François,
op cit, p 21)
L’attente d’un messie, d’un Rédempteur qui déjà est à
nos côtés et nous fait des surprises agréables, ne peut alors être que joyeuse.
On ne peut attendre un événement heureux en étant tristes. Le mystère de
l’Incarnation est un mystère joyeux en toutes ses parties.
Nous
voyons dans les Evangiles comment chaque événement qui marque les débuts de la
vie de Jésus est caractérisé par la joie. Lorsque l’ange Gabriel vient annoncer
à la Vierge Marie qu’elle deviendra la mère du Sauveur, il commence par ces
mots : « Réjouis-toi ! » (Lc 1, 28). Lors de la naissance du Christ, l’ange du
Seigneur dit aux bergers : « Voici que je vous annonce une grande joie qui sera
celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ
Seigneur. » (Lc 2, 11) Et les mages qui cherchaient le nouveau-né, « quand ils
virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie ». (Mt 2, 10) Le motif de
cette joie est donc la proximité de Dieu, qui s’est fait l’un de nous. C’est
d’ailleurs ainsi que l’entendait saint Paul quand il écrivait aux chrétiens de
Philippes: « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ! Laissez-moi vous le
redire : soyez dans la joie ! Que votre sérénité soit connue de tous les
hommes. Le Seigneur est proche. »(Ph 4, 4-5) La première cause de notre joie
est la proximité du Seigneur, qui m’accueille et qui m’aime. (Pape Benoît XVI, Message pour la
XXVIIème Journée mondiale de la jeunesse, 2012)
Chers amis jeunes, nous avons donc l’obligation de
vivre en joie ; j’allais dire que nous avons un « devoir de joie ».
C’est le moment de sortir de nos peurs, de nos craintes, de nos angoisses de
santé, d’études, d’apprentissage, d’emploi, de piété, d’affection, de
conception, de vie conjugales, etc. pour nous laisser à la joie du messie qui
vient illuminer nos vies de sa lumière.
Jésus
nous a montré que le visage de Dieu est celui d’un Père qui nous aime. Le péché
et la mort ont été vaincus. Le chrétien ne peut pas être pessimiste ! Il
n’a pas le visage d’une personne qui semble être en deuil permanent. Si nous
sommes vraiment amoureux du Christ et si nous sentons combien il nous aime,
notre cœur s’« enflammera » d’une joie telle qu’elle contaminera tous
nos voisins. (Pape François, op cit,
p 21)
Le chrétien ne doit pas être pessimiste. Le jeune ne
doit pas être pessimiste car à côtés de difficultés – oui il y en a – il y a
aussi toutes ces joies que le Seigneur nous offre et auxquelles nous devons
faire attention :
Chaque
jour, nombreuses sont les joies simples que le Seigneur nous offre : la joie de
vivre, la joie face à la beauté de la nature, la joie du travail bien fait, la
joie du service, la joie de l’amour sincère et pur. Et si nous y sommes
attentifs, il y a de nombreux autres motifs de nous réjouir : les bons moments
de la vie en famille, l’amitié partagée, la découverte de ses capacités
personnelles et ses propres réussites, les compliments reçus des autres, la
capacité de s’exprimer et de se sentir compris, le sentiment d’être utile à
d’autres. Il y a aussi l’acquisition de nouvelles connaissances que nous
faisons par les études, la découverte de nouvelles dimensions par des voyages
et des rencontres, la capacité de faire des projets pour l’avenir. Mais
également lire une œuvre de littérature, admirer un chef d’œuvre artistique,
écouter ou jouer de la musique, regarder un film, tout cela peut produire en
nous de réelles joies. (Pape Benoît XVI,
Message pour la XXVIIème Journée mondiale de la jeunesse, 2012)
4- NOTRE
ENGAGEMENT POUR L’AVENT : SEMEURS DE JOIE
Forts de notre espérance, ouverts aux surprises de
Dieu, nous avons le cœur en joie. Pour que notre joie soit grande et totale, il
faut la partager. Plus on la donne, plus elle grandit. Pour ce temps de l’Avent
nous avons à être des missionnaires de la joie. Dans le monde d’aujourd’hui de
plus en plus difficile, tant de jeunes autour de vous ont un immense besoin
d’entendre que le message chrétien est un message de joie et d’espérance !
Chers
amis, (…) je voudrais vous exhorter à être missionnaires de la joie. On ne peut
pas être heureux si les autres ne le sont pas : la joie doit donc être
partagée. Allez dire aux autres jeunes votre joie d’avoir trouvé ce trésor qui
est Jésus lui-même. Nous ne pouvons pas garder pour nous la joie de la foi :
pour qu’elle puisse demeurer en nous, nous devons la transmettre. Saint Jean
l’affirme : « Ce que nous avons vu et entendu nous vous l'annonçons, afin que
vous aussi soyez en communion avec nous [...] Tout ceci nous vous l'écrivons
pour que notre joie soit complète » (1 Jn 1, 3-4).
Parfois,
une image du Christianisme est donnée comme une proposition de vie qui
opprimerait notre liberté et irait à l’encontre de notre désir de bonheur et de
joie. Mais ceci n’est pas la vérité ! Les chrétiens sont des hommes et des
femmes vraiment heureux parce qu’ils savent qu’ils ne sont jamais seuls et
qu’ils sont toujours soutenus par les mains de Dieu ! Il vous appartient,
surtout à vous, jeunes disciples du Christ, de montrer au monde que la foi
apporte un bonheur et une joie vraie, pleine et durable. Et si, parfois, la
façon de vivre des chrétiens semble fatiguée et ennuyeuse, témoignez, vous les
premiers, du visage joyeux et heureux de la foi. L’Evangile est la “bonne
nouvelle” que Dieu nous aime et que chacun de nous est important pour lui.
Montrez au monde qu’il en est ainsi !
Soyez
donc des missionnaires enthousiastes de la nouvelle évangélisation ! Allez
porter à ceux qui souffrent, à ceux qui cherchent, la joie que Jésus veut
donner. Portez-la dans vos familles, vos écoles et vos universités, vos lieux
de travail et vos groupes d’amis, là où vous vivez. Vous verrez qu’elle est
contagieuse. Et vous recevrez le centuple : pour vous-même la joie du salut, la
joie de voir la Miséricorde de Dieu à l’œuvre dans les cœurs. Et, au jour de
votre rencontre définitive avec le Seigneur, il pourra vous dire : « Serviteur
bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître ! » (Mt 25, 21)